ROULER (SE FAIRE)
« Et si Renault s’était fait rouler ?» C’est le titre de Libération de vendredi dernier, et c’est lui qui nous fournit l’expression de la semaine. Alfred Soumou nous écrit de Brazzaville pour qu’on en précise le sens et l’emploi. On a cru chez Renault que des responsables avaient trahi les secrets de fabrication de la société, les avaient vendus, avaient fait de l’espionnage industriel. Mais maintenant on n’est plus sûr de rien ! Est-ce que la direction de Renault a été mal informée ? Est-ce qu’on a dénoncé des gens qui n’avaient rien fait d’illégal, pour leur porter tort ? Ou pour perturber le fonctionnement de la firme ? Peut-être en effet que c’est la direction générale de Renault qui s’est fait rouler : c'est-à-dire qui s’est fait avoir, qui est tombée dans le panneau.
En effet, rouler, dans un emploi familier, veut dire tromper, abuser… Et bien, souvent le mot est plus fort encore : il signifie escroquer, ou voler. Mais il s’emploie surtout lorsqu’on se place du côté de la victime : on dit se faire rouler pour se faire abuser, tromper, voler.
Pourquoi rouler ? Probablement parce que rouler quelqu’un, c’est le faire aller où on veut, c’est le manipuler, le lancer à droite, le rattraper à gauche. Alors on dit aussi familièrement rouler dans la farine. Mais cette formule, qui évoque la cuisine, est venue plus tard, comme un développement de la première.
Retrouvez Les mots de la semaine dans les journaux en français facile du week-end. Chaque semaine, Yvan Amar répond aux questions d'un auditeur.
Yvan Amar
Article publié le 05/03/2011