水调歌头·游泳
才饮长江水,
又食武昌鱼。
万里长江横渡,
极目楚天舒。
不管风吹浪打,
胜似闲庭信步,
今日得宽余。
子在川上曰:
逝者如斯夫!
风樯动,
龟蛇静,
起宏图。
一桥飞架南北,
天堑变通途。
更立西江石壁,
截断巫山云雨,
高峡出平湖。
神女应无恙,
当今世界殊。
La Nage
Sur l'air de Shui diao ge tou
A peine ai-je bu l'eau de Changsha
Que j'ai mangé le poisson de Wuchang.
Je traverse en nageant le grand Fleuve infini,
Laissant au ciel de Chu mes yeux jouir de l'espace.
Sans souci du vent nin des vagues,
Mieux que dans ma cour, en promenade,
Aujourd'hui je me trouve au large.
Au bord d'un fleuve, Confucius dit:
"C'est comme cette eau, tout ce qui passe!"
Dans le vent s'agitent les mâts,
La Tortue et le Serpent restent calmes,
De grands desseins sont conçus;
l'envol d'un pont unit le Nord au Sud,
La faille infranchissable en deviendra passage.
Des murs de pierre en amont construits
Retiendront de Wushan les nuages et la puie.
Dans la gorge escarpée surgit un lac uni.
La déesse, sans doute à soi-même pareille,
S'étonnerait dès lors du monde tout nouveau.
Juin 1956